Les lotos insolites en temps de crise
Pandémie mondiale oblige, pouvoir se réunir régulièrement autour d’un loto convivial devient mission impossible. À cause des protocoles sanitaires, toutes les festivités sont interdites ou presque. Les salles des fêtes sont fermées, la distanciation sociale est de mise, et les passionnés de loto, de bingo ou autre quine sont privés de leur joie de vivre. Certes on a toujours notre cher loto en ligne, mais pour la convvialité, heureusement, certains ont trouvé la solution pour continuer à jouer coûte que coûte aux tombolas qui mettent de l’ambiance dans les petits villages. On vous dit tout sur ces loteries d’un autre type!
Le loto drive tout terrain
Renoncer à jouer au loto, c’est un scénario auquel le président de l’association Human Breizh n’était pas prêt de se soumettre. Alors, pour se protéger du Covid-19 tout en limitant les contacts, mais sans bouder son plaisir, Brice Goidin a eu l’idée de transposer le concept du cinéma en plein air, où chacun peut suivre le film dans le confort individuel de sa voiture, à l’univers de la loterie. Participer à un loto-drive bien au chaud dans son véhicule, c’est certes jouer autrement, mais on participe tout de même à l’élan collectif. Et on rit tout autant!
Il existe un autre loto alternatif particulièrement adapté aux campagnes qui fait le bonheur des aficionados de la sacro-sainte loterie associative: le loto-bouse! On a du mal à en croire ses yeux, mais jouer au loto n’a jamais été si ludique, et salissant! Peut-être sur le modèle des jeux d’échecs d’extérieur grandeur nature, les vaches représentent des pions qui se déplacent sur des grilles de loto champêtres. Chaque fois qu’elles laissent une bouse sur un emplacement, le joueur qui a coché la case correspondante a gagné. C’est un franc succès pour les amicales laïques qui organisent ce type d’événément hors du commun qui ravit la foule à grand renfort de bons d’achats. Mais on est loin des loteries gastronomiques pour fin gourmets!
Lutter contre la mucoviscidose en jouant au loto sur un parking
Dans les côtes d’Armor, le coup d’essai du 27 septembre a été transformé en coup de maître le 18 octobre pour la deuxième édition du loto-drive, avec 150 voitures, c’est-à-dire deux fois plus que pour la première édition. Sur le parking du Super U à Pleurtuit, le rendez-vous avait été donné pour partager un loto solidaire à raison de 2€ seulement la carte, en espérant remporter des bons d’achats d’une valeur de 30 à 500€ en contrepartie. 230 personnes réparties dans 92 automobiles ont répondu présentes le 27 septembre, et elles ont pris beaucoup de plaisir à renouver avec la loterie en live, certaines s’étant rabattues sur le loto en ligne à cause de la crise sanitaire! Niveau gestes barrières, l’organisation était stricte et chacun était muni d’un feutre velleda, d’un chiffon, et de ses propres provisions sur le siège arrière de la voiture. Un caddie passait dans les rangs et distribuait les grilles de manière chaleureuse. Devant le supermarché, l’animateur au micro et à la sono orchestrait les nombres sous les klaxons sonnants et tonitruants en lieu et place du fameux “bingo!”, ou pour prévenir les organisateurs lorsqu’une ligne était complète. Et les drapeaux agités aux fenêtres des voitures faisaient office de mains levées. À quelques aménagements près, c’était un loto normal, comme l’a remarqué Isabelle, habitante de Quévert: “On n’a rien changé, c’était comme d’habitude, sauf qu’on n’avait pas les copains à côté”. “Et qu’on a eu un peu froid avec la fenêtre ouverte!”, a surenchéri Sylvie, joueuse invétérée de loto en salle. Vive les loteries solidaires!
Jouer au loto en bottes en caoutchouc
Le loto-bouse, c’est le loto qui revient à la mode de par la magie de ses ingrédients: nature, jeu, suspens, mais surtout gros lots à la clef! C’était dans un champ non loin des salles communales que s’est déroulée la partie de loto le 17 octobre à Tréméven, s’inspirant peut-être du loto avec des vaches qui avait déjà eu lieu en 2016 à Semousies dans l’Avesnois. La recette est imparable et rappelle quelque peu les jeux d’Intervilles suscitant le même enthousiasme chez les spectateurs du loto-bouse qui, déjà, ne repartent jamais les mains vides: bons d’achats de 100 ou 150€ voire plus, vol en ULM, nuitées dans une yourte ou une roulotte, voilà un échantillon de ce que pouvaient gagner les joueurs de cette loterie campagnarde voire païenne au sens de suivre le rythme des 
saisons. Tout le monde a pu y mettre la main à la pâte, les enfants de l’école qui ont vendu 2.370 tickets de tombola, l’exploitant reconverti en animateur d’un jour, Sébastien Brihoual, pour annoncer les bonnes nouvelles au micro, et les habitants du village qui ont encadré savamment l’événement. À savoir que le principe du loto-bouse est de diviser le terrain en parcelles où les vaches viennent en théorie déposer leur déjections. À raison d’une bouse toutes les deux heures, c’est un jeu qui rime avec patience! Au final, les lotos-bouses font d’une pierre de coup en ravivant la flamme du jeu par leur originalité, elles protègent le public de la promiscuité en temps de coronavirus. Seules les cinq vaches réquisitionnées pour l’occasion à Tréméven ont été un peu secouées par les élans festifs. N’étant pas habituées à voir autant de monde sur leurs plates-bandes, elles ont pu se montrer timides. Pour une fois qu'exploiter les animaux ne leur cause pas trop de souffrance! On a déjà le loto drag, à quand le loto-parachute ou le loto-plage, à moins que cela n’existe déjà?
Si on aime le loto, on est prêt à tout pour y jouer qu’il pleuve, neige ou vente. L’essentiel, c’est de participer! Et pourquoi pas remporter un gain qui sort du lot, et soutenir des petites et même des grandes causes par la même occasion, avec ces loteries conviviales non moins qu’originales? En loto, comme pour le reste, il suffit juste d’un peu d’imagination!
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