Les lotos de village plus branchés que jamais avec le Celf!
Le loto c’est aussi cette tradition conviviale qui se joue partout dans les villages de France. On y va pour pour l’ambiance, pour le frisson et accessoirement, pour gagner des lots. C’est l’occasion de retrouver les habitants du village autour de grilles de numéros à cocher et d’un petit rouge bu avec ou sans modération. Sous une apparence plutôt désuette, bien loin de nos super cyber-loteries, le loto de nos grands-mères en a encore sous le capot, surtout quand une équipe de doux rêveurs s’en empare pour en faire un jeu à la mode qui fait un carton plein à Paris!
Le loto d’antan prend un coup de jeune!
Comme dans la chanson de 1960 “Souvenirs, souvenirs”, c’est en surfant sur la vague hipster que trois trentenaires ont créé le collectif CELF signifiant en clair “Comité Extraordinaire du Loto Français”. Et extraordinaire, c’est bien le mot! Originaires de l’Est de la France, jamais Clément, Martin et Jérémie n’auraient pensé devenir un jour les animateurs pour le moins déjantés d’un jeu si populaire dans les campagnes! Pourtant, le loto vient d’abord de la noblesse et des cours de François Ier par le biais de l’Italie, et “Lotto” peut se traduire par “destin”. Rien d’étonnant alors à ce que les trois amis se soient laissés prendre au jeu et qu’ils aient changé de voie! Ce qu’ils aimaient surtout, c’était jouer de la musique punk et faire le tour d’Europe en van! Mais comme Marcel Proust et sa célèbre madeleine, des souvenirs du bon vieux temps en famille se sont rappelés à eux: Martin raconte qu’il accompagnait volontiers ses parents au loto du dimanche à Vesoul, en Haute-Saône.
En déménageant à Paris, ce lotophile se rend compte qu’il n’y a aucun loto traditionnel sur place. Qu’à cela ne tienne, ils remédient ensemble à la situation en inventant le CELF. Bien plus que de faire du neuf avec du vieux, c’est ce brin de nostalgie et une touche de folie qui les ont réunis autour du loto revisité. Et ce nouveau bingo fait le buzz!
Le Comité Extraordinaire du Loto Français à Paris
Débutant par le bar rétro “Au Petit Joseph Dijon” il a fallu convaincre le public sachant qu’à Paris, le provincial ne passe pas toujours! Les habitués du bar n’étaient pas chauds pour jouer à des loteries réputées ringardes. Mais, ça c’était avant! Dans la capitale, ils ont écumé des lieux en vue, entre culture et guingette, tels que le Petit Bain de même que la Javelle et le Point éphémère. Maintenant, ils enchaînent les évènements de grande ampleur comme le festival Séries Mania de Lille, les tournées avec Radio Nova, ou les animations d’entreprise sous la houlette de l’agence Bejoue, et on attend impatiemment la suite, lorsque la crise sanitaire sera loin derrière nous!
Pour participer aux lotos du CELF, il suffit simplement de ramener un lot improbable pour l’échanger contre un à trois cartons de jeux munis de quinze numéros: un pull en laine, un paquet de farine et des oeufs pour faire des crêpes, des figurines enfantines! L’imaginaire décalé est ici le bienvenue.
Bien conscient de son côté intemporel, Jérémie se félicite d’avoir rebrander le loto à la sauce hipster pour le sortir définitivement de son image vieillote voire, passéiste. Le CELF a réussi le pari de placer le loto en bonne place du vintage devant le Polaroid, les vinyles, et les pantalons pattes d’eph!
Le 47? “L’indépendance de l’Inde”!
Depuis 2014, ce trio de choc fait la tournée des salles de fêtes pour transmettre la passion du bingo de leur enfance aux autres jeunes. Et ça marche! À grand renfort de blagues, la petite troupe dépoussière le loto des prolos pour en faire un spectacle à bobo. Traditionnellement, on fait tirer aux ex-aequo un jeton numéroté dans un sac, et le gagnant est celui qui a le plus gros numéro. Pour les départager, Martin, lui, anime avec brio des chifoumis! Et il va même jusqu’à lancer des concours de réparties sur smartphones, tandis que sur scène, ses acolytes se voient imposer des accents québécois pour la forme… et pour le rire!
Leur marque de fabrique préférée est de clamer haut et fort les numéros comme le 47, et le public de surenchérir “L’indépendance de l’Inde” tous en choeur, comme le CELF en a pris l’habitude à chaque représentation. Et le 67? “C’est la Mayenne, bien sûr!”, annonce joyeusement Martin grâce à son haut-parleur. En leur compagnie, il n’y a pas à dire: on est plongés dans un véritable show de boute-en-train à l’américaine tout en révisant ses classiques avec le loto français!
L’avenir des lotos de village
Au loto, chacun coche ses cases à sa guise, et après avoir tourné la manivelle du boulier métallique, l’animateur annonce le numéro. Mais ça, c’était la tradition! De nos jours, il y a eu du changement au pays du loto: le loto bouse à la campagne, et le bingo drag en ville, en passant par les loteries solidaires qui ont fleuri lors de l’année 2020 particulièrement éprouvée par la crise sanitaire.
Les États-Unis en digne eldorado des jeux ont vu naître, dans les années 90, le bingo drag qui mixe l’univers drag-queen à l’ambiance du loto traditionnel qui a fait ses preuves depuis le XIXème siècle, pour le plus grand plaisir des nuits parisiennes. Au loto, tout le monde trouve son compte, ce qui lui préfigure encore de beaux jours devant lui!
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