La FDJ privatisée ?
Longtemps considéré comme un pré carré de l'Etat, la Française des Jeux pourrait très prochainement tomber dans les mains d'actionnaires privés. L'état envisage en effet, dans le cadre de la loi Pacte, de céder une grande partie du capital de l'opérateur de loto (le deuxième en Europe) aux investisseurs.
Annoncée en juin dernier, elle a officiellement été votée en première lecture par les députés, mettant ainsi un terme à 85 années dans le giron public. Le capital de la FDJ devrait s'ouvrir au cours de l'année 2019, si le marché le permet. Pour bien comprendre les enjeux de cette privatisation, voici les 5 points à retenir.
La privatisation de la FDJ, c'est quoi ?
Actuellement, c'est l'état français qui est le premier actionnaire de la FDJ, avec 72 % de son capital. Cependant, il devrait devenir minoritaire puisque le gouvernement a décidé d'en céder une grande partie (pour ne conserver que 20 % des parts totales).
C'est un véritable chamboulement pour l'opérateur de loterie nationale, qui était né avec la création de la Loterie Nationale en 1933), et le lancement du loto en 1976. L'Etat avait en effet pris le parti de privatiser les jeux d'argent, conservant pendant plus de 85 ans le monopole. Cependant, la libéralisation des paris et jeux en ligne avait déjà commencé en 2010.
Les pouvoirs publics garderont néanmoins un regard sur la cession des parts afin de continuer la prévention contre la dépendance aux jeux, protéger les mineurs et éviter la fraude et le blanchiment d'argent. Pour ce faire, une instance de régulation sera spécifiquement créée après la privatisation de la Française des Jeux.
Pourquoi une telle opposition ?
Si la privatisation a bel et bien été votée par les députés, nombreux sont ceux qui se sont élevés contre la loi Pacte. En effet, une vingtaine d'amendements ont été déposé afin de s'opposer au projet. Parmi les objections, beaucoup ont mis en avant les problématiques de santé publique, et notamment les risques de dépendance aux jeux d'argent.
Mais c'est surtout la perte d'une manne financière considérable qui a concerné les opposants. Pour eux, privatiser la FDJ (qui est le deuxième opérateur de loto en Europe et qui génère chaque année plus de 15 milliards de chiffre d'affaires en moyenne) représenterait un énorme manque à gagner.
D'après leurs calculs, cette contribution au budget de l'Etat (grâce à des prélèvements comme la CSG, la TVA ou la CRDS) ne ferait que creuser la dette nationale. Un argument qui a été cependant mitigé par Martin Vidal, commissaire aux participations de l’Etat, pour qui le mécanisme de réversion à l’Etat sera maintenu durant l’opération de privatisation.
Pourquoi le gouvernement veut-il privatiser la Française des Jeux ?
Si l'Etat insiste pour mener à bien la privatisation de la FDJ, c'est qu'il a estimé à 1 milliard d'euros les recettes de l'opération. Un montant qui permettrait d'alimenter le Fond pour l'Innovation et l'Industrie qui a été lancé en 2018 pour investir dans les dernières technologies.
Pour le gouvernement de Macron, la privatisation doit permettre de rompre avec l'image d'épinal de l'Etat actionnaire pour le transformer en investisseur et premier soutien des entreprises innovantes, qui ont encore des difficultés à trouver des financements.
Comment va se concrétiser la privatisation ?
Concrètement, l'option d'une introduction en Bourse de la FDJ a été réfléchie depuis plusieurs années. Cependant, elle ne se fera que sur une partie du capital. Les autres actionnaires historiques, comme L’Union des blessés de la face et de la tête, la Fédération André-Maginot pour les anciens combattants et les salariés de la FDJ devraient rester actionnaires.
Le reste du capital, qui représente tout de même la majorité de la Française des Jeux, sera certainement proposé aux institutionnels et principaux groupes industriels. Mais les français peuvent également devenir actionnaire : une initiative qui devrait permettre de relancer l'actionnariat populaire.
Pourquoi les particuliers devraient-ils investir (ou non) dans la FDJ ?
Encore faut-il que les français soient intéressés à rejoindre le capital de la Française des Jeux, ce qui n'est pas encore gagné. Les professionnels jugent en effet que la gestion des actifs qui viennent d'être introduits en bourse n’est généralement pas le meilleur moyen d'investir dans le capital d'une société. Les banquiers, ainsi que les vendeurs (ici, l'Etat Français) ont en effet tout intérêt à gonfler les prix. Il est donc préférable d'attendre des opportunités plus intéressantes, notamment lors des valorisations qui devraient avoir lieu dans les semaines, voir les mois à venir.
Un conseil d'autant plus pertinent lorsque l'on parle de privatisation. En effet, nombreux ont été les déçus, et notamment les 5 millions de particuliers qui ont investi lors de l'introduction à la bourse d'EDF en 2005. Les parts, alors vendues à 33 euros, valent aujourd'hui moins de la moitié. Il y a fort à parier qu'ils s'en mordent encore les doigts. Le mieux reste encore d'essayer notre sélection de plateformes 100 % sures pour jouer au loto en ligne et décrocher le jackpot - ça c'est un bel investissement!